AP3B à Plant Based Summit 2019

L'Association de Grenoble INP-Pagora Pour la Promotion des Biomatériaux (AP3B) est allée au congrès d'affaires consacré aux applications industrielles des matériaux biosourcés.
Le 23 mai dernier, les étudiants d'AP3B se sont rendus à Lyon au Plant Based Summit – la référence des évènements internationaux dédiés aux matériaux et produits biosourcés – coorganisé par l’Association Chimie du Végétal, IAR et Infopro Digital. Cette 5e édition a réuni de nombreux acteurs de la filière des solutions biosourcées : groupes internationaux, start-up, acteurs de l'amont (agroproducteurs) et de l'aval (cosmétiques, textiles, peintures, emballages...), industriels de la chimie et des biotechnologies.
Les étudiants en reviennent avec quelques informations glanées au fil des conférences.

New biobased plastics and paper materials for high performance packaging

Améliorer les matériaux utilisés pour le packaging dans un but d'optimisation et de développement du biosourcé. Ce secteur représente un énorme marché.
→ Laura CROWTHER-ALWYN, R&D Manager, Centre Technique du Papier (CTP)
Elle présente l’ordre préférentiel des solutions pour la fin de vie d’un emballage recommandé dès 1994 par la Commission européenne. Avant tout, éviter l'utilisation d'un emballage. Sinon, le réutiliser, le recycler, le composter, le brûler voire, dans le pire des cas, le déposer en décharge. Il est à noter que cette dernière solution est désormais interdite dans l’Union européenne. Le CTP cherche à modifier certains emballages à base de carton comme le Tetra Pak afin d'en améliorer la recyclabilité. Actuellement, le papier est couché avec du polyéthylène à hauteur de 20 % ou une succession de couches de polyéthylène et d’aluminium à hauteur de 50 % : cette dernière empêche la recyclabilité totale du matériau. Pour y remédier, des recherches sont menées sur l’ajout de microfibrilles de cellulose (MFC) qui permettraient de conserver les propriétés barrière – apportées par les polymères biodégradables et non recyclables utilisés actuellement – et de proposer un cycle de vie idéal.
Le projet européen Sherpack réunissant le CTP et cinq partenaires vise ainsi la conception d’un matériau multicouches (polymère hydrophobe - support cellulosique - polysaccharide imprimé) utilisable dans l'emballage souple biosourcé, biodégradable et compostable, doté de bonnes propriétés barrière et apte au contact alimentaire.
→ Erwin LEPOUDRE, Business Manager Biopolymers, Kaneka Belgium NV
L'entreprise japonaise Kaneka, spécialisée dans la polymérisation et la fermentation, produit des intermédiaires chimiques. Elle commercialise le PHBH, un polymère biosourcé et biodégradable obtenu par voie enzymatique dans un réacteur batch, au prix de 6 à 10€/kg, pour des applications pharmaceutiques. Ses propriétés sont proches de celles du PHBV, un polymère plus courant. Avec la nouvelle réglementation concernant le plastique à usage unique, Kaneka veut désormais proposer des pailles à base de PHBH.
→ Michael LECOURT, Project Leader, FCBA
Pour limiter la propagation des champignons dans le bois utilisé dans le packaging (palettes, contenants pour objets volumineux), le FCBA a testé l’acide ascétique avec succès.
→ Patrice DOLE, Scientific Director, CTCPA
Différentes règlementations européennes régissent les bioplastiques. Une loi de 2004 spécifie qu'un matériau en contact avec des denrées alimentaires ne doit pas porter atteinte à la santé du consommateur ou à la qualité du produit emballé. Une loi de 2011 précise les critères à respecter pour cela. 1. Une "positive list" énumère les molécules et matériaux autorisés à rentrer en contact avec des denrées alimentaires. Il y a cependant des failles dans cette liste comme l'absence de la caféine par exemple. En outre, pour intégrer un nouveau matériau dans cette liste, il faut passer par une procédure pouvant durer plusieurs années. 2. Le plastique ne doit pas altérer l’aliment qu’il emballe. 3. La limite de migration, c'est-à-dire la quantité de molécules migrant de l’emballage vers l'aliment emballé, est de 60 mg/kg de matériau. 4. Les limitations de migration spécifiques s'appliquent à certaines molécules pouvant s’avérer toxiques quand elles sont présentes en trop grande quantité. 5. Le taux de substances non intentionnellement ajoutées (NIAS) doit être contrôlé en accord avec les points 3 et 4. L’intervenant souligne que la législation est encore peu favorable au développement du bioplastique. En particulier, la première condition est floue quant à l’utilisation de certains composés lignocellulosiques.

Wood as feedstock: a new pilar for the bioeconomy

L’un des grands enjeux de la bioéconomie est la valorisation optimale du bois, l'objectif étant de récupérer et décomposer ses différents constituants, le plus souvent par réaction enzymatique ou chimique.
Florent HEROGUEL, COO & co-founder, Bloom Biorenewables
La start-up suisse Bloom a pour but de valoriser l’ensemble des constituants du bois : cellulose, hémicelluloses et lignine. Elle est réputée extraire une lignine très pure. Son nouveau challenge est de mieux valoriser la cellulose.
Winnie DEJONGHE, Project manager, Vito/Biorizon
L'entreprise met en œuvre une méthode de décomposition de la lignine dédiée à une utilisation prébiotique et à l’élaboration de produits (pneus, résine). Les hémicelluloses récupérées donnent des xylo-oligosaccharides décisives dans la production de prébiotiques, de surfactants ou encore d'esters de sucre. Un problème demeure non résolu : la cellulose contaminée par le solvant ne peut être récupéré pour le moment.
Ofei MANTE, Research Chemical Engineer & Project Manager, Research Triangle Institute
Oxygenated aromatic compounds from biomass: separation and bioproduct opportunities.
Sebel LEE, R&D Manager, Biprocel/Honext
Honext; High-end reclaimed material for circular living.

Providing innovative solutions for the textile and footwear industry

Timothée NYS, Product Manager & Benoît NYS, Director, Breyner
GreenFirst de Breyner est un traitement anti-acarien utilisé sur les textiles notamment les matelas et entièrement produit à base de géraniol 100% bio-sourcé. C’est une alternative aux produits issus de la chimie traditionnelle.
Aniela HOITINK, founder, NEFFA
À partir du mycélium de champignons, NEFFA fabrique MycoTEX, un tissu 100 % naturel et biodégradable. À l'aide d'un procédé de modelage sur le corps, des vêtements sont créés sur mesure sans avoir besoin des étapes de coupe et de couture L’idée est qu’à la fin de vie du vêtement, il suffit de l'enfouir dans le sol : en se décomposant, celui-ci sert d’aliment nutritif pour d’autres plantes. Venant d’une formation dans la mode, la fondatrice de la marque a décidé d’y associer l’éco-responsabilité des porteurs de vêtements. Les champignons sont cultivés dans des boîtes de Petri. Les 'patchs' ronds obtenus sont assemblés par collage naturel afin de créer le tissu. Toutefois, ce concept présente encore quelques inconvénients comme par exemple le manque d'élasticité des vêtements.

Plant-based chemistry: a solution towards greener and more competitive industries?

Les représentants de grandes entreprises et association débattent des perspectives pour la chimie végétale et des biomatériaux dans un futur proche.
Paul-Joël DERIAN, Group VP Innovation and Sustainable Development, Avril - David SUDOLSKY, President & CEO, Anellotech - Tony DUNCAN, Managing Director, Circa Group - Ian HUDSON, Président du Conseil d’administration, Carbios - Luc BENOIT-CATTIN, Président, France Chimie
L’aspect économique ne doit pas être négligé quant à son impact sur le développement de la chimie végétale et des biomatériaux. Il ne faut pas utiliser abusivement des produits biosourcés au détriment d’autres matériaux recyclables et actuellement recyclés. L’économie circulaire est également mise en avant. Plusieurs mentions sont faites quant à l’éducation et la prise de conscience collective nécessaires pour évoluer vers un monde plus respectueux de l’environnement. Point notable : l’impact des grandes marques sur les consommateurs, via le marketing, est déterminant pour promouvoir les matériaux biosourcés, bien plus que celui des gouvernements mondiaux. Les dirigeants d'entreprises notent la progression de la chimie biosourcée et des biomatériaux réalisée ces dernières années. Il ne faut cependant pas s’arrêter là.